En vingt-cinq ans, le patron du réseau Océlorn a hissé la toute petite entreprise familiale de transport dans le Top 10 des autocaristes indépendants. Il vient d’être élu Opérateur de l’année 2019.
Jeune, Alain Roué avait un rêve, devenir cavalier professionnel. Il était titulaire d’un Galop 7, participait à des concours hippiques… La vie en a voulu autrement. Il cavale sur les routes plutôt que dans les manèges.
Car, en 1994, il a repris les rênes du réseau Océlorn, l’entreprise de transport par autocar de ses parents, qu’il a longtemps dirigée au côté de sa mère, à la suite de problèmes de santé de son père, lui-même ancien chauffeur.
Secrétaire, peintre et chauffeur
A l’époque, la PME emploie une poignée de salariés. Et détient dix cars, qui sillonnent la Bretagne, la France et l’Europe, ici pour le transport de membres d’une association sportive, là pour un voyage scolaire, ailleurs pour un comité d’entreprise organisant une semaine de vacances à l’étranger. « J’étais à la fois secrétaire, peintre, mécanicien et, évidemment, chauffeur de car », se souvient ce Breton de cinquante cinq ans, cheveux noirs, sourcils broussailleux et forte carrure, qui fut douze ans conseiller municipal de sa commune de Landivisiau, dans le Finistère.
Aujourd’hui, son affaire compte… 450 cars, 420 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. Alain Roué a vite compris qu’il lui faudrait rapidement grandir pour occuper le terrain. En tout, le transporteur a repris ou créé pas moins de 25 sociétés différentes, souvent petites, situées dans des villes bretonnes et spécialistes du transport scolaire ou exploitant des lignes régulières, notamment sous la forme de délégations de service public. S ans oublier une ligne de « cars Macron », entre Brest et Nantes, sous l’enseigne BlaBlaBus et trois agences de voyages sous la marque L’Eté Evasion.
Billettique sans contact
Sa réussite est sous les feux de la rampe : il vient d’être sacré Opérateur de l’année 2019, une distinction accordée par ses pairs et « Mobilités Magazine ». Ce qui a fait pencher la balance ? Son recours à l’innovation.
Car Alain Roué a mis en place un système de billettique sans contact pour ses bus à Douarnenez ou encore un suivi de ses cars en temps réel par les équipes du siège. Le patron, qui se veut écolo, plaide aussi en faveur de la transition énergétique : « Dès que cela sera possible, mes cars et mes bus fonctionneront au gaz naturel pour véhicules. Mais il manque encore de stations d’approvisionnement pour ce carburant propre. »
Alain Roué, Amateur d’extrême
Il en est convaincu : son métier est en pleine mutation. Et transporter des passagers d’un point A à un point B ne suffit plus. « Aujourd’hui, il faut s’inscrire dans un schéma de mobilité où tous les modes de transport se coordonnent. On ne peut y trouver sa place qu’en étant à la pointe de l’innovation », a-t-il confié à la presse.
Avec pour seuls diplômes un BEP de mécanique et une licence de transport, l’homme est un touche-à-tout. Tennis, voitures de course, football… Il est d’ailleurs vice-président du conseil de surveillance du Stade brestois. A ses heures perdues, il a longtemps peint à l’acrylique de grandes toiles colorées et abstraites, qui ornent les murs du siège social. Il a aussi couru deux marathons, dont celui de Paris, et « des dizaines de semi-marathons en Bretagne ». Cet amateur d’extrême apprécie des escapades nautiques en vedette à moteur pour pêcher « jusque dans le rail d’Ouessant ».
Trop pris par son groupe, ce chef d’entreprise, père de trois enfants, laisse désormais à sa fille de treize ans le soin de monter ses deux chevaux.
Informations sur l’entreprise Elorn bus et cars
sources : LES ECHOS – Stanislas du Guerny (Correspondant à Rennes)